La passion laïque de Ferdinand Buisson
Pierre Hayat
1999
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Kimé
Il n'était pas plus simple d'être laïque au temps de Jules Ferry et de Ferdinand Buisson. Le rôle de l'école, la définition de la politique, la délimitation du religieux : autant d'enjeux qui plaçaient déjà la laïcité en conflit avec elle-même. Il n'y a pas d'âge d'or de la laïcité française. Tout était déjà compliqué et incertain. La passion qui a animé Ferdinand Buisson, en témoigne. Directeur de l'enseignement primaire lorsque furent votées les lois scolaires laïques, président de la commission parlementaire qui prépara la loi du 9 décembre 1905, Ferdinand Buisson fut un protagoniste majeur de la période instauratrice de la laïcité française. Acteur mais aussi théoricien, intellectuel autant que militant, Buisson a fait de la liberté de conscience, de l'égalité et du progrès humain le but de sa passion laïque. La pensée vivante de Ferdinand Buisson n'appelle pas une apologie à l'adresse de nos contemporains, soupçonnés d'être imperméables aux " Valeurs laïques ". Elle suscite plutôt une investigation sur les contradictions et les problèmes auxquels s'est heurté l'un des fondateurs de la laïcité républicaine. Cette libre remontée aux sources peut aider les militants d'une citoyenneté émancipatrice, dégagée de la raison d'État, à mieux se connaître eux-mêmes.