L’intégrité scientifique est la conduite intègre et honnête qui doit présider à toute recherche. Elle se distingue de l’éthique de la recherche qui aborde les grandes questions que posent les progrès des sciences et leurs répercussions   sociétales. L’éthique fait débat, l’intégrité ne se discute pas. De tout temps, dans tous les domaines, il y a eu des faussaires, des falsificateurs et des fraudeurs mais la gravité en sciences tient à ce que la véracité des faits rapportés est la base même sur laquelle se construit le corpus et l’héritage scientifique de l’humanité. Son respect est la condition sine qua non de la confiance qu’accorde la société aux acteurs de la recherche. Tout manquement à l’intégrité scientifique est une rupture du contrat qui lie le chercheur à la société. En dehors des très rares fraudes spectaculaires qui font la une   de la presse grand public, il existe une « zone grise » de « petits manquements » qui sont en fait de sérieuses méconduites de recherche. Elles contribuent à la non-reproductibilité des résultats scientifiques et concourent au discrédit de la science. Dans un monde d’accélération technologique et de diffusion rapide des connaissances, avec des implications financières considérables, la tentation est grande d’arranger, sélectionner, embellir les résultats et de biaiser la littérature en vue d’une publication, d’un financement de contrat ou d’une promotion.    Promouvoir une recherche intègre est une responsabilité collective qui nécessite une approche globale de la question. Tous les acteurs de la recherche, depuis les étudiants jusqu’aux éditeurs des journaux scientifiques en passant par les enseignants et les responsables d’enseignement supérieur et de recherche sont concernés. Promouvoir l’intégrité scientifique amène à se poser des question de fond sur la pratique de la recherche et la diffusion des connaissances: ouverture, transparence, accessibilité et partage des données, ainsi que sur les modes actuels d’évaluation de la recherche et des chercheurs. Plusieurs dispositions concrètes sont mises en œuvre dans ce but, sachant qu’il s’agit d’actions à long terme, complexes et multiples mais indispensables pour assurer à nos concitoyens une science respectueuse de la vérité et responsable.

Pierre Corvol, professeur émérite au Collège de France, est médecin et scientifique. Il a occupé la chaire de médecine expérimentale et présidé le Collège de France. Ses recherches ont porté sur les maladies cardiovasculaires,   essentiellement l’hypertension artérielle. Il a participé activement au développement de médicaments couramment utilisés dans le traitement de l'hypertension et des maladies cardiovasculaires et rénales.  En 2016, il a présenté un rapport sur l'intégrité de la recherche scientifique en France à la demande du Secrétaire d'Etat à la recherche et à l'enseignement supérieur dont les principales recommandations sont actuellement mises en application. Il est membre de l'Académie française des sciences, de l'Académie française de médecine et de l'Académie américaine des arts et des sciences. Il a écrit plusieurs ouvrages dont « Le retour du Dr. Knock (essai sur le risque vasculaire) » et « L’arbre vasculaire ».