Quand l'humoriste devient le sage, il rend sa vérité, soucieux de sa carrière, parfois loin du bien commun. Dans son ouvrage, Homo Comicus, François l’Yvonnet témoigne d'un agacement, celui de voir parader, à longueur de médias, une ribambelle d'humoristes d'un nouveau genre, plus donneurs de leçons que simples amuseurs, moins comiques qu'agents auto-proclamés du Bien. Comblant un déficit de vitalité de notre vie politique et culturelle, l'humoriste a revêtu les habits du sage. Il rend la vérité, sa vérité, davantage soucieux de sa carrière que du bien commun. Au tribunal de la raison, un seul juge: l'audimat…C’est un nouvel intégrisme, celui de la rigolade. Il faut rire de tout mais avec eux. Le rire, « leur » rire est la norme. À les écouter, ils seraient l’actuelle incarnation de la liberté d’expression et de toutes les valeurs réunies de la démocratie. On croit rêver… Leurs saillies sont pourtant d’une incroyable platitude et leurs prêchi-prêcha, troussés à la va-vite, épargnent les vrais puissants. Curieuse époque que la nôtre, qui voit le « bas-bouffon » tenir lieu de conscience et de pensée. François L’Yvonnet est professeur de philosophie et éditeur. Il est également membre du Conseil scientifique de la chaire "Edgar Morin de la complexité" à l'ESSEC et Secrétaire exécutif de l'Académie de la Latinité. Il dirige la collection « Via Latina » aux Éditions Albin Michel et la série "Philosophie" des « Carnets » de L'Herne. Il a publié en 2012 « Homo comicus : ou l'intégrisme de la rigolade » (Fayard, 2012)