La religion dans la démocratie
02/02/2018
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Marcel Gauchet
En prolongeant sa théorie de la « sortie de la religion », Marcel Gauchet propose une réflexion sur les sociétés occidentales contemporaines qui, pour lui, s’inscrivent dans un mouvement qui mène à la fin de la religion. Selon lui, le processus s’accentue dans les pays occidentaux et en particulier en France, avec l’effondrement mesurable des pratiques religieuses, le recul des affiliations et la baisse des vocations. Il souligne également que cette évolution s’accompagne de la disparition des grandes idéologies séculières comme le communisme et de l’affaiblissement de la laïcité « devenue peu à peu un fait sans principe ». Cette transformation majeure des rapports entre la société et l’État aboutit à une dissociation et nous place devant une situation inédite. La laïcité a certes conduit à sortir d’une situation d’emprise de l’Église catholique sur le pouvoir politique et sur la société civile. Mais elle se trouve, elle aussi, maintenant fragilisée. La fin d’une logique d’affrontements entre l’État républicain et l’Église catholique semble lui avoir fait perdre une partie de sa créativité et de sa vitalité. C’est donc dans le cadre de cette mutation d’ensemble que doit s’inscrire une redéfinition de la laïcité, principe historique actuellement bousculé par la construction européenne et l’évolution de l’histoire. Face au triomphe de l’individualisme, la laïcité est à présent particulièrement liée à la préservation de la neutralité de l’espace démocratique. Que peut vouloir dire le gouvernement des hommes par eux-mêmes quand ils sont pour de bon émancipés de l’emprise des dieux ?